L'apprenti sorcier : Halte au Salbumol et autres tocolytiques

Publié le par Caro & Betty B.


Pêché sur une liste de discussion de professionnels de la naissance. Ne vous laissez pas décourager par quelques termes techniques, on comprend trèèèèèès bien quand même. En scène : une sage-femme, un gynobs, et un chercheur :


Sage-femme : " Je souhaiterais connaître votre protocole d'utilisation du salbumol en seringue éléctrique: dilution, débit minimum et maximum. "

Gynobs : " Zero. Ce médicament est dangereux et n'a jamais fait la preuve de son efficacité pour améliorer le  pronostic néonatal des prématurés. Les autres tocolytiques non plus d'ailleurs. The Royal College of Obstetricians and Gynaecologists clinical guideline on tocolysis concludes that, "it is reasonable not to use
tocolytic drugs", BMJ 2009;338:b195
. "

Sage-femme : " Dangereux...ça oui, j'ai pu m'en rendre compte avec les sub-OAP et les OAP (*) qu'on a eus dans le service ! Mais on utilise le salbumol en perfusion de 500ml avec un régulateur de débit et je me disais que la surcharge hydrique serait moindre en seringue électrique donc moins de risques? "

(*) : Oedème Aigu du Poumon

Gynobs : " Un médicament inutile est toujours trop dangereux, même à la SAP. "

Chercheur : " Tout à fait d'accord.  La menace d'accouchement prématuré est une pathologie virtuelle qui n'existe pas dans la littérature anglaise. Une femme est soit en travail ou n'est pas en travail.  Les femmes n'ont pas de toucher vaginal pendant la grossesse et l'ouverture ou non du col n'est donc jamais enregistrée.  Les contractions de Braxton Hicks sont considérées comme normales.  Le taux de prématuré n'est pas plus important dans les pays qui ne diagnostiquent jamais de MAP, ce qui prouverait - si besoin est - que c'est une pathologie iatrogène. Le salbutamol et autres tocolytiques ne sont pas sans danger, et des morts maternelles ont été rapportées à cause d'insuffisance respiratoire ou cardiaque induite par ce traitement inutile. Il est très difficile de changer des pratiques qui sont bien ancrées, mais je pense qu'il serait vraiment utile que les pays qui continuent à pratiquer le toucher vaginal pendant la grossesse, à diagnostiquer des MAPs et à prescrire et administrer des médicaments qui sont plus que probablement inutile et sans aucun doute potentiellement très dangereux, se posent la question de savoir comment on peut soutenir les sages-femmes et les gynécologues à adopter des pratiques basées sur évidence.  Il est sans doute plus difficile d'arrêter de faire quelque chose que l'on croit utile que d'adopter une nouvelle pratique qui semble pouvoir être utile. Il y aurait des projets de recherche vraiment intéressants ici ! "

Sage-femme : " . Pour ma 2ème grossesse:28 SA, CU (**) toutes les 3 mn, douloureuses, rythmées. Modification cervicale: col centré, mou, raccourci, 2 bons doigts =>repos+ salbu comprimés et suppos (et même des IM de temps en temps). Vous pensez que si je n'avais rien pris, je n'aurais pas accouché ? J'en suis moins sûre..."

(**) : Contractions Utérines

Gynobs : " Le pb c'est qu'on parle de croyance pas de preuve scientifique. L'important là-dedans c'est le repos, pas les médicaments. [Les médecins administrent des médicaments dont ils savent très peu, à des malades dont ils savent moins, pour guérir des maladies dont ils ne savent rien. Voltaire ] "

Chercheur : " On ne le saura jamais, mais les statistiques et les études randomisées contrôlées sont bien plus fiables qu'un cas particulier.  Voyez aussi le nombre de femmes qui ont pris ces médicaments jusqu'à 37 semaines mais ne se sont pas mis en travail une fois l'arrêt des médicaments. Quant à celles qu'on a induit à 41 semaines... Je comprends votre réaction, mais je ne comprends pas les médecins et les sages-femmes qui ne lisent pas ou ne comprennent pas les études publiées par Cochrane et autre revues professionnelles. "


Nous non plus ... Ce que l'on comprend fort bien par contre c'est qu'encore une fois certains bidouillent avec les femmes enceintes et les bébés en faisant de l'expérimentation sauvage et non contrôlée :-{ Si on ne peut même pas leur faire confiance ... yapuka lire les revues Cochrane nous-mêmes, et aller à la maternité avec !

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A
<br /> <br /> J'ai aussi reçu du loxen pour ma 1ère grossesse, en veux-tu en voilà puisque je suis restée 3 mois à l'hopital. On m'a provoqué à 36 semaines (pourquoi? parce que mon col était ouvert à 5. et je<br /> ne contractais pas. bon.) pour ma 2ème grossesse j'ai eu une ouverture du col à 34 semaines, accompagné de quelques contractions douloureuses. j'ai refusé d'entrer à l'hosto ma Sf a pris sur<br /> elle de me faire la surveillance à domicile sans aucun médoc, et j'ai accouché à 38 semaines. J'espère qu'il n'y aura pas d'effet secondaire pour mes bébés qui ont reçu beaucoup beaucoup de loxen<br /> durant ces longs mois d'hosto.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
Pour ma part, j'ai reçu du Salbu(ta)mol en perfusion pour ma première grossesse (avec contrôle de la tension tous les quart d'heure la première nuit) et une fois pour la deuxième : j'ai fait des MAP au début 8è mois pour les 2. En 1990 et 1992. Et en 2008, le Salbumol n'était plus prescrit, le grand succès étant pour le LOXEN (à la base c'est contre l'hypertension). J'en ai reçu pas mal, mais ça n'a pas empêché un accouchement prématuré à 32 semaines.
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Z
Il est inutile d'écarter les cuisses pour toucher les prestations sociales. Les patientes peuvent très bien refuser tout toucher vaginal. La visite est demandée par la CAF, mais les examens ou soins ne sont pas précisés.Il semblerait même (recherche en cours chez BNN) qu'il n'y ait absolument aucun texte de loi ni decret rendant obligatoire ces visites : ce serait donc un usage dicté par la secu qui evidement ecrit en gros et en gras OBLIGATOIRE sur tous les documents s'y referant. (c'etait vrai il y a longtemps pour "toucher les allocs" mais il semble bien que celà ne soit plus en vigeur)Cette histoire de diagnotic de MAP grace au TV a repetition me parle beaucoup, comment expliquer aux femmes qu'elles ne sont pas obligées de subir toutes ces choses si celà leur fait violence....
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T
Trois grossesses, trois arrêts de travail au 5ième mois pour MAP... à chaque fois accompagnés de salbumol et d'une bonne dose de mauvaise conscience vis à vis de mon boulôt et de la SECU, vu que je n'arrivais pas à me convaincre que tout cela était justifié...
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K
Il est inutile d'écarter les cuisses pour toucher les prestations sociales. Les patientes peuvent très bien refuser tout toucher vaginal. La visite est demandée par la CAF, mais les examens ou soins ne sont pas précisés. Ils nous incombe aussi, les femmes, à refuser, accepter ou demander tel ou tel examen. Nous sommes détentrices de notre corps et de notre santé. Les soignants changeront lorsqu'ils essuyerons des refus, des questions et des demandes de notre part. Si nous restons dociles, avec un "merci docteur" pour la fin et un retour en larmes à la maison, rien n'y changera! Ne sous-estimons pas notre pouvoir de décision face à un soignant. Malgrès les essais de manipulations part la peur, si, après avoir obtenu des réponses qui répondent réellement à notre questionement et pesé le bénéfice et risque de tel ou tel exam, nous avons le dernier mot !!!!!Et oui.....après le vote, l'IVG, la contraception, nous avons un nouveau combat à remporter face à le religion de la  "medecine toute puissante" ...
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M
C'est la même chose...
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I
Rhaaaa, mon côté asmathique a parlé, je confonds toujours la salbutamol et le salbumol...Vu le nom, il n'aurait pas un lointain lien de parenté ?
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I
Ben pour le coup du "on n'a pas plus de MAP dans les pays on ne la diagnostique pas", il y a du juste. En effet, le terrorrisme médical induit par des visites que les femmes effectuent avant tout pour les prestations sociales (l'intérêt médical de l'écartage de cuisses, prise de tension et signature de chèque en 10 mn chrono étant quasi unaniment contesté par les "victimes") auraient plutôt tendance à vous faire contracter sans arrêt (perso, j'avais la diarrhée avec des contractions avant chaque visite, tiens donc...).Une amie a moi avait un col soi-disant raccourci au toucher à 33 SA, aucune vérification écho, juste du toucher.On l'a mise au repos complet... Tellement complet qu'on la déclencher à 41 SA +5 sur un col long ferme et tonique, tiens donc...Pour le salbutamol, il a quand même son utilité et je suis contente qur l'équipe qui était de garde la nuit du 9 août 2007 dans ma clinique n'est pas partagé l'idée du gygy et du chercheur.Mon col était fermé, mais je contractais tant que j'en pouvais, le spasfon, le repos n'y faisait rien, ça faisait 10H que j'avais commencé le travail à 34 SA.Venant d'une famille où les femmes mettent au moins 2 jours à dilater, je n'allais peut-être pas accoucher, mais mon bébé devenait tachycardes à chaque contraction.La sage-femme qui m'a injecté le salbutamol m'a dit que si ça ne marchait pas d'ici 30 mn, il faudrait sortir le bébé car il commençait à souffrir...Heureusement, 20 mn après l'injection, les contractions ont baissées d'intensité, une heure après, elles se sont arrêtés, mon petit garçon a attendu encore un mois la césarienne prévue bien sagement au chaud, malgré des contractions assez fréquentes.Si j'étais tombée sur les zozos de l'histoire, il se serait passé quoi ? On aurait attendu une vraie souffrance de mon bébé pour intervenir ?Bref, il faut être rationnele, savoir quand les médicaments sont réellement nécessaires et exterminer les TV des suivis de grossesse sans pour autant croire que rester couchée suffit à éviter des vraies MAP...Le juste milieu, c'est tellement dur à trouver...
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M
Excellent ! Un sacré bon point pour le chercheur et le gynobs !
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