Les Violences Obstétricales enfin expliquées !

Publié le par Betty Boob

Alors que le HCE reconnait la parole des femmes, que les témoignages se multiplient voire que certains soignants commencent à s'intéresser à la violence dans le soin, un article est venu enfin nous éduquer sur la face cachée des Violences Obstétricales que nous ne soupçonnions pas. Heureusement Mme Paganelli, ses brillantes analyses et sa fine psychologie sont là pour nous expliquer les choses de la vie [1].

Ca recommence en vitesse de croisière avec cette histoire de "gynéco-bashing" toujours aussi ahurissante : dans tous les autres domaines, si on nous objecte qu’un collègue a fait des choses déplacées, nous serons peu à oser dire que nous sommes tous totalement irréprochables (statistiquement, c'est impossible). Et si, soi-même, on pense exercer avec conscience professionnelle, on n'a pas à se sentir visé par ces critiques.

En gynéco, c'est étrangement l'inverse : tout le monde est parfait et se sent visé. Ensuite, Mme Paganelli nous sort l'argument très étayé du "oui mais les autres ils font aussi des choses mal". Mais elle ne précise pas ces autres "secteurs de la médecine" concernés par la maltraitance.

Faudrait voir à pas se foutre mal avec les collègues.

Israel Nisand, très en forme, prend le relais en disant que "les médecins ne peuvent pas faire la police des médecins".

En effet, ça serait trop dommage que les recommandations professionnelles et que le Conseil de l'Ordre des Médecins servent à quelque chose.

D’ailleurs, une fiche a été communiquée aux gynécologues pour leur indiquer de ne pas faire d'avances à leurs patientes, garder une juste distance et ne pas évoquer leurs problèmes de couples. Des fois qu’ils n’y aient pas pensé. On est rassurés.

Décidément totalement lancée sur ces sujets de rapport de sexualité entre le médecin et la patiente, le Dr Paganelli, enfonce le clou en affirmant que : "Le problème, en fait, c'est l'attirance [entre médecins et patientes]. Maintenant, heureusement, il y a davantage de femmes dans la profession, il y aura peut-être moins de problèmes… à moins qu'elles ne soient lesbiennes. L'attirance entre deux femmes, c'est possible aussi."

Oui c'est possible aussi.

Mais alors on est vraiment très très loin du sujet en fait, le sujet n'était pas celui-ci mais... tadâââm : les violences obstétricales.

Au pire, ce sont peut-être les sexologues qui devraient monter au créneau pour parler des attentes inassouvies de leurs patientes. Sauf qu'ils ont la décence (et la connaissance ?) de ne pas le faire.

Mal vivre un accouchement ne relève pas d'un fantasme sexuel vis à vis du soignant : juste dans les faits d'aller à l'hôpital pour accoucher, et malgré un souhait très légitime de ne pas être maltraitée, de l'avoir été. C'est tout.

Oui, c'est dur à comprendre (visiblement).

Dans les faits, les violences obstétricales concernent tous les métiers touchant à l’obstétrique (dans le même panier : les gynécologues, les sage-femmes, les auxiliaires de puer, les anesthésistes...) et les femmes sont majoritaires dans ce secteur.

C'est peut-être ce panier - impensable - pour la profession de gynécologues, très auto-centrée, qui les pousse à :

  • inverser les rôles de façon assez indécente et se poser en victimes
  • pleurer sur l'organisation du système de soin actuel qui fait souffrir les soignants (pour la compassion envers les patientes on repassera, par contre entre collègues...)
  • menacer d’une désertification de la profession par les jeunes alors qu’on pourrait supposer que par ricochet des personnes intéressées par la bientraitance en gynécologie pourraient être intéressées par cette profession ce qui serait bénéfique pour les patientes mais... non.

Faut pas déconner non plus.

On aurait pu observer une vraie considération pour le sujet, la prise de mesures, la reconnaissance du phénomène (mondial) pour faire avancer (vite) les choses...

... OU observer une profession qui pleure sur la perte de ce rapport de forces qui s'exerce dans le rapport soignant-soigné et qui commence à être sérieusement ébranlé (... "les patientes elles sont mechiantes").

La preuve grâce aux intelligentes remarques du Dr Paganelli qui nous fait cadeau de son bon sens : "Quand on fait remarquer à une femme qu'on a du mal à réaliser tel ou tel examen parce qu'il y a trop de graisse, ou quand on la pèse et qu'on lui fait remarquer qu'elle a pris du poids, ce n'est pas pour l'insulter. Or certaines peuvent le prendre mal", affirme-t-elle. "On a tous eu une femme qui s'est plainte qu'on lui ait dit quelque chose qu'on n'aurait pas dû dire."

Certes.

Et on compatit très sincèrement, car avoir affaire à une gynéconne c'est également dur dans un parcours de soin.

"Bientôt on ne pourra plus que parler de la météo, il ne faudra plus rien dire, je crains qu'on en arrive à cela." ... et ça tombe rudement bien, car on ne vient pas pour ça !

Cette histoire de conversation semble l'obséder. Si on ne peut plus dire à une personne qu'elle est grosse sans qu'elle se vexe, où va le monde ma bonne dame ?

On nous refait le coup des cadences infernales comme bonne excuse aux violences obstétricales.

C’est cadeau pour les patientes qui ont eu une césarienne programmée avec anesthésie inopérante (oui y’en a) ou celles qui ont été maltraitées en étant quasiment le seul accouchement de la nuit (oui c'est vrai, c'est la nuit, elles l'ont cherché aussi).

On peut supposer que c’est plutôt ce genre d’affirmation qui a de quoi effrayer les patientes et leur donner envie d'aller accoucher dans le fond de leur jardin ("donc en gros ils ne peuvent nous donner aucune garantie d’être bien traitée à l’hôpital ?!"... oui, c'est bien ça).

Paganelli ON FIRE nous achève :

"On nous reproche beaucoup la douleur des actes gynécologiques, mais on n'a pas de solution par rapport à ça, on n'a pas d'autres techniques. Cela reste douloureux et invasif. Sinon, on arrête de soigner."

"Il faudrait faire des fiches pour mieux expliquer les conditions des examens et la douleur qu'il faut malheureusement accepter", affirme-t-elle. "C'est plutôt dans ce sens qu'il faut faire de la prévention."

Et là, j'avoue qu'on est EXTREMEMENT curieux de voir cette fiche être faite en effet par le Dr Paganelli !

Car dans un contexte de non brutasse, peu de gestes en gynéco sont susceptibles de faire mal si tant est que l'on ait conscience que l'anesthésie existe ou que l'on sache faire un geste sans s’en cogner de la patiente.

Théorie bien traitante partagée par la fine Emmanuel Piet qui ne sait peut-être pas dans quel article délirant elle se trouve...

En tout cas, tout cela permet de confirmer très brillamment le cruel besoin de formation en gynécologie, y compris (surtout ?) pour la secrétaire générale du Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France.

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[1] https://www.francetvinfo.fr/societe/droits-des-femmes/violences-gynecologiques-pour-la-secretaire-generale-du-syndicat-des-gynecos-le-probleme-c-est-l-attirance-entre-medecins-et-patientes_2826249.html

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