Et la mère alors ?????

Publié le par Betty Boob


Pêché dans "La maternité, progrès et promesses", de E. Papiernik, eds Odile Jacob, 2008, p.266-267 :

" Les triplets et les quadruplés étaient absolument exceptionnels avant les médicaments inducteurs de l'ovulation. [...] Dans les années 1960, on n'avait pas d'échographies, on faisait beaucoup moins attention à vérifier les dates des règles, on s'étonnait moins comme on aurait dû le faire du volume important de l'utérus, ou du moins de la hauteur de l'utérus anormalement grande. Cette femme n'a pas non plus fait de remarque dans ce sens, elle aurait dû s'apercevoir que cette grossesse était différente des cinq grossesses précédentes, elle devait être peu attentive à son état de santé. Elle est venue aux urgences de la maternité Tarnier quand j'étais interne des hôpitaux, obstétricien en apprentissage. J'avais un collègue interne très expérimenté, René Guglielmina qui avait proposé de m'enseigner, sous son contrôle, les gestes professionnels que je devais apprendre. Ce jour-là, il décide qu'il faut faire à cette femme une délivrance artificielle avec révision utérine pour des raisons précises : en tant que multipare, cette femme qui avait déjà eu cinq enfants était plus à risque de faire un saignement important après l'accouchement. Il me dit comment il fallait faire : le geste consiste à introduire la main dans l'utérus après la naissance de l'enfant pour aider le placenta à sortir, puis après la sortie du placenta, pour vérifier que cet utérus est vide et qu'il n'a pas été déchiré au cours de l'accouchement. Mais à mon grand effroi, ma main dans l'utérus ne trouve pas le placenta, mais un second enfant, que j'aide à naître très bien d'ailleurs. Mon ami René se moque gentiment de moi, et décide de faire lui-même la délivrance artificielle. A sa grande surprise, il ne trouve pas non plus le placenta mais un troisième enfant qui naît très bien. Il finit par faire le geste encore plus nécessaire de révision de l'utérus.

Là, tout le personnel de la salle de travail a crié au miracle, sans parler du mari qui ne nous a pas fait de reproches pour ne pas avoir reconnu que la grossesse était triple, mais qui éprouvait une joie exceptionnelle devant le caractère extraordinaire de l'évènement. Ses copains et lui ont fait une grande fête pour honorer cette performance d'avoir réussi à fabriquer trois enfants lors d'un seul rapport. Cela valait bien une grande cuite. C'était la façon ancienne de gérer les grossesses multiples, rien ne se passerait maintenant de cette façon
. "


Qu'est-ce que le BooB peut bien encore avoir à reprocher à un gynobs qui a accompli l'exploit de faire naître des triplés ...? De les avoir fait naître justement ... Reprenons. Les femmes multipares ont plus de risque de faire une hémorragie du post-partum. Epidémiologiquement c'est exact. Mais ce n'est qu'un risque potentiel. Cette femme-là aurait-elle eu une hémorragie ? Le médecin n'en savait rien. Il aurait pu choisir une attitude plus conservative et respecter le principe de précaution (ne pas agir si l'on n'est pas certain que le bénéfice est supérieur au risque) : ne pas faire de délivrance artificielle du placenta mais surveiller cette femme très attentivement en post-partum. Que se serait-il passé alors ? Personne n'en sait rien, mais avec un peu de chance les deux autres triplés seraient nés spontanément sans intervention. Car aller chercher des bébés jusque dans l'utérus, ça ne se fait plus du tout, c'est très risqué. Ils ont plutôt eu de la chance que ça se passe sans bobo, et encore on ne sait pas si la mère n'a pas eu une descente d'organe par la suite, ou des déchirures.

Mais plus que tout, la question qui saute aux yeux là-dedans c'est : et la mère ????? Elle a eu trois intrusions jusqu'au fond de son utérus cette femme, trois !  Etait-elle sous anesthésie ou pas ????? Qu'est-ce qu'elle en a pensé elle d'avoir des triplés dans ces conditions  ????? Papiernik n'en dit pas un seul mot. Ca ne devait pas être important. La femme on s'en fout complètement. Les deux seules choses importantes sont les "exploits" masculins :  les deux toubibs tout fiers d'avoir fait naître deux bébés, le mari tout fier de la supposée puissance de sa queue.

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S
Mais noooon, on dit quéquette ! M'enfin, Betty, rhôôô... Queue... Pourquoi pas b*** tant qu'on y est ;-)
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L
C'est quand même hallucinant tout ça. Je vous félicite pour ce blog, je l'ai découvert récemment et je ne saurais m'en passer!
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