Bon médecin blanc donner bon antibiotique

Publié le par Emmanuelle & Betty B.


Extrait du blog d'une sage-femme française partie quelque temps au Congo. septembre 2007. Post intitulé "cas cliniques".

"Au départ, premier jour, je comptais faire de l'observation essentiellement, soutenir les parturientes. J'aime pas trop me jeter dans la gueule du loup d'emblée… Mais le boulot est bien là, le manque de personnel aussi, alors il a fallu s'y mettre.

Je fais mon premier accouchement, bébé va bien, délivrance correcte et j'entends soudainement une voix me dire "Fais la révision utérine!" alors je ne comprends pas... et je demande pourquoi. Ici la révision utérine(*) est systématique car les patientes sont trop nombreuses, pas toujours le temps de revenir les surveiller après l'accouchement. Oh mon Dieu, il va falloir que je me lance, je la préviens quand même: "Attention je vais vous faire mal". Et je révise. Elle hurle et moi je ferme les yeux ne supportant pas de l'entendre crier par ma faute, pour une révision que je juge inutile.. Mais bon je suis bien obligée de me plier aux volontés du service. Alors je révise les yeux fermés mais mes oreilles elles, impossible de les fermer, j'entends hurler ma patiente… Du fait que toutes les femmes sont révisés, les femmes sont sous antibiotiques…

Je laisse ma patiente tranquille et je passe à celle d'à côté qui a tout vu et tout entendu de ce qu'a subi sa voisine. Elle a déjà accouché et je vois la sage-femme examiner le col, elle tire sur celui-ci avec une pince de pozzi le faisant sortir hors du vagin, et la patiente hurle, elle prend ma main et  la serre autant qu'elle a mal. Et moi j'ai mal pour elle et j'ai souvent ce réflexe de serrer les fesses et de fermer les yeux lorsque ce que je vois est trop dur !
"

Bon sang mais c'est bien sûr ! Ca sert aussi à ça la péridurale, à boucher les oreilles des soignants !

Et si on envoyait les sages-femmes faire un service militaire en Allemagne ... Pourquoi ?... Depuis le désastre du nazisme les soldats ont cours spécial : ils sont responsables de leurs actes; si l'ordre donné par leur supérieur conduit à des actes de torture ou à un crime contre l'humanité il est de leur devoir de désobéir.

(*) La révision utérine consiste à introduire la main à l'intérieur de l'utérus par le col encore ouvert et à en faire le tour pour vérifier qu'il ne reste pas de morceau de placenta accroché. D'après les recommandations de l'OMS, elle doit être faite sous anesthésie, et uniquement sur signe d'appel (saignements importants, aspect du placenta). En aucun cas la révision utérine ne doit être systématique, même lorsque l'utérus est cicatriciel (césarienne antérieure).
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