L'homme protecteur

Publié le par Betty Boob


Pêché dans "Désir d'enfant", R. Frydman & M. Rufo, Marabout 2005, p.20 :

"Pour les psychiatres, le rôle de l'homme au cours de la grossesse de la femme est fondamental. Il doit accompagner la régression qui aide la femme à devenir mère."

Quand un intellectuel est immergé dans ses pensées au point d'en oublier où il a garé sa voiture, c'est un grand savant. Quand un sportif fait retraite pendant des semaines pour s'entrainer puis s'effondre d'émotion sur le podium, c'est un champion. Mais quand une femme enceinte se concentre sur les transformations exponentielles de son corps et de son esprit pour se préparer à accomplir l'une des choses les plus importantes et les plus phagocytantes qui soient, mettre au monde une nouvelle vie, elle régresse ! CQFD...

"Il est chargé d'aider, de protéger la mère, qui, selon le pédiatre et psychanalyste anglais D. Winnicott, sombre dans la folie maternelle : elle ne pense, n'agit et ne vit que pour et par son enfant."

En deux phrases voilà donc des femmes qui régressent et folles à lier, tout cela écrit noir sur blanc dans un livre grand public ! Quelle est la responsabilité des auteurs lorsqu'ensuite certains prennent de tels propos au pied de la lettre ? En réalité l'expression de Winnicott est : "préoccupation maternelle primaire", le terme de "folie" n'ayant été employé que par comparaison pour décrire un comportement exceptionnel face à une situation exceptionnelle.

"Un soutien que le père doit assurer tout en étant quelque peu exclu de ce que vit la mère, qui, alors, renonce à beaucoup de ce qui faisait sa séduction."

Le tout est du paternalisme pur jus. Il en a passé de l'eau sous les ponts depuis Winnicott. On sait que l'hystérie des femmes était une construction sociale. Il en est de même de leur soi-disant régression et  folie maternelle, de même de ces hommes à qui l'on enjoint de devenir le père de leur propre femme avant de devenir celui de leur enfant. Beaucoup de jeunes couples ne se reconnaissent plus dans un tel tissu d'archaismes. Rufo ne devrait-il pas songer à prendre sa retraire ?
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C
<br /> <br /> l'expression est dérivée de "la mère suffisamment bonne" de Winnicott...<br /> <br /> <br /> Lacan lui parlera de "mère suffisamment mauvaise".<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> la mère suffisamment folle inspirée de la clinique de winnicott : (vous trouverez son explication dans l'ouvrage suivant)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La folie maternelle ordinaire <br /> <br /> <br />  Jacques André , Sylvie Dreyfus-Asséo , Collectif<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Winnicott n'a jamais parlé de "mère suffisamment folle", mais de "mère suffisamment bonne." Rien que par cette fausse citation, vous démontrez amplement votre ignorance du sujet. Même pas besoin<br /> de contre-argumenter sur le reste, mon cher Cédric.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Il n'y aucun paternalisme la-dedans.<br /> <br /> <br /> "la folie" chez Winnicott est envisagée comme nécessaire. Elle est une étape indispensable pour le sujet humain. C'est pour cela qu'on parle aussi de "mère suffisamment folle".<br /> <br /> <br /> Par vos méconnaissances, vous écrivez des trucs sans aller vérifier vraiment de quoi il s'agit et vous vous retrouvez l'agent de discours conservateurs.<br /> <br /> <br /> Oui la naissance d'un enfant est tjs un passage difficile pour une maman. On parle de mère mais il est évidemment qu'une femme n'est pas qu'une mère et peut si elle le souhaite ne pas désirer le<br /> devenir.<br /> <br /> <br /> La naissance d'un enfant réveille qq chose d'un lien archaïque, une régression et fait appel à une souffrance. D'où le fait d'envisager une "folie nécessaire" pour penser l'humain.<br /> <br /> <br /> Je vous encourage à lire davantage avant de tout confondre.<br /> <br /> <br /> <br />
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H
Quand j'ai lu ces paroles de psy médiatisés à mon mari, père de nos enfants, il en est resté sidéré. Non, il n'a vu ni régression, ni folie chez sa femme en train d'accoucher. Juste souffrance et cette nouvelle vie qui venait au monde. Mais il se demande si les psy ne seraient pas un peu frustrés, il paraît que certains hommes le seraient, de ne pas porter et accoucher eux-mêmes. Qui sait ?
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